J’ai cherché le sens dans la littérature
J’en ai fait des erreurs, des ratures
Le pied à l’étrier
La peau de l’ours avant de l’avoir tué
Je l’ai vendue, je l’ai laissée
Au plus offrant, du moins j’ai essayé
A feu et à sang avant de te trouver
Les yeux au ciel, levés
Ne me dis pas que tu es désolé
Je suis las, je suis dévoré
Des haies, des allées
À franchir, à traverser
humeurs
Il n’avait pas plu depuis des semaines mais aujourd’hui, les gouttes cognent contre ma fenêtre. Je les entends au réveil et au coucher, comme un rituel qui donne l’impression d’une journée sans début et sans fin.
Les déceptions sentimentales se suivent et se ressemblent. Les garçons sont tous les mêmes — surtout si je les pense différents quand je les rencontre. Je commence à comprendre ceux qui entourent leur cœur d’une forteresse qui ne laisse rien passer, pas même le soleil. Bien sûr, ça isole, ça questionne, ça bourdonne. Mais pas le temps de céder à la déprime, en ce moment j’ai envie de vivre. Je suis fatigué mais c’est de la bonne fatigue, celle de quelqu’un qui sort du lit et fait des choses. J’ai pris du retard, j’ai décalé l’envoi. Je pensais avoir des choses à dire mais elles ne me plaisaient pas. Elles n’étaient pas assez marquantes, les traces dans le sable s’effaçaient trop vite. La faute au vent et aux vagues qui ne leur ont laissé aucune chance.
J’ai tout coupé. La nuit est de bon conseil avec moi, j’aime l’écouter. Elle semble savoir ce qui me fait du bien, elle me guide. Les personnes à qui je devrais donner de mon énergie, de mon temps. Les messages auxquels je ferais mieux de ne pas répondre et ceux que je devrais impérativement rédiger même si j’essaye d’y échapper parce que me confronter à la réalité n’a jamais été mon fort.
Parfois, je me pose la question du mystère. Est-ce qu’il donne envie d’en savoir plus ou est-ce que les autres peuvent s’en satisfaire ? Je ne suis pas du genre à intérioriser mais j’ai encore envie de garder certaines histoires pour moi. Elles ne verront peut-être jamais le jour aux yeux de tous, seulement aux miens. Elles seront précieuses, elles seront belles, elles seront secrètes — et c’est très bien comme ça.
Je sais que sortir du lit
Est parfois pénible
Que le soleil irradie
Parfois trop fort les esprits
Te hantent et s’amusent
Pendant que toi tu recules
Tu perds pied, ils abusent
De toi, de tes blessures
Ils rient, ils t’accusent
De tout, de rien
Ils fusent
Malgré toi, tu continues
Tu te bats, tu tombes des nues
Quand je suis là
Tapote sur ton épaule
Quand nos deux voix se frôlent
Le temps d’une chanson
Tout va bien, tous ces sons
Disparaissent et te laissent
Appelle-moi s’il te reste
Tes épaules à délester
Tes rancœurs à soupirer
Tes secrets à soutirer
Et tes yeux pour pleurer
la sensation
Il a écrit “PD” sur la doublure de mon manteau.
C’est un blouson de ski bleu marine. On a connu mieux, mais je suis en cinquième et le virus de la mode ne m’a pas encore piqué, je porte encore des pantalons de jogging, des baskets noires et dorées et des sweat-shirts de couleurs improbables, comme le orange (c’est mon préféré).
Je me dis à ce moment-là que ce n’est pas grave, ça va partir avec un peu de savon et un peu d’eau. Mais ma doublure est en polaire et l’inscription a été réalisée à l’effaceur. Ça ne part pas, ça ne part pas. Comme si j’avais été marqué au fer rouge. Ce n’est pas qu’une insulte jetée en l’air qui disparaîtra dans l’air et dans les oreilles, c’est une cicatrice, j’ai été marqué au fer rouge. C’est comme le “A” de l’adultère, c’est comme s’il fallait que tout le monde le voit quand j’enlève mon manteau. J’essaye de frotter mais ça ne part pas, ça ne part pas. Après la récréation, je reviens en classe, ma doublure est trempée, je sais que je le sentirai quand je remettrai mon blouson pour sortir, je sais que la tâche d’eau ne sèchera pas, c’est l’hiver et il fait froid même dans la salle de classe, je sais que je rentrerai à la maison et que je ne dirai rien à ma mère et je sais aussi que si un jour elle découvre cette inscription, elle ne dira rien non plus, elle l’ignorera et on fera comme si de rien n’était. De toute façon, je n’ai pas envie de cette conversation, je n’ai pas envie que les choses changent. A partir de ce jour, je n’enlèverai plus mon manteau comme avant, maintenant je cacherai la doublure, elle ne sera plus découverte aux yeux du monde, je prendrai soin de bien la plier pour qu’elle ne voie plus la lumière du jour.