Mots tus

Une newsletter sur l'écriture et l'intime, à la première personne. Poèmes, humeurs et extraits de "La sensation", un projet d'auto-fiction

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Par Damien TESTU
16 avr. · 1 mn à lire
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"Ça m'a rappelé quelque chose que je pensais avoir enfoui."

Mots tus, bouche décousue - Newsletter #6

Ils me regardent sans me voir

Ils m’entendent sans m’écouter 

À l’envers les miroirs

Seul sur papier glacé 

Ce reflet n’est pas le mien

Ni le leur, c’est certain 

Ils croient tout ce qu’ils voient

Saint-Thomas


humeurs

J’ai l’impression d’avancer mais peut-être que je fais du surplace.

J’ai toujours mon coeur, j’ai toujours mes mots.

Je me sens seul mais je m’isole. Je ne sais pas si je reste chez moi parce que c’est un sanctuaire, un endroit où je me sens protégé, à l’abri de tout et de tout le monde ou si je jette la clé de la cage dans laquelle je me suis enfermé tout seul. Peut-être que ça durera, peut-être que c’est une phase. Je me sens à l’aube, j’attends impatiemment que le soleil de ma nouvelle vie se lève.

J’ai besoin d’éteindre la lumière et d’allumer l’écran. Il faut qu’il éclaire mon visage, à défaut de la lune qui fait mal son travail. La faute aux nuages qui défigurent le ciel. Les illusions s’évanouissent, les vérités ressurgissent. Moi, je ne sais pas bien mettre les mots sur ces moments : j’ai du mal à sortir ce que je ressens, comme si tout bouillonnait en moi pour l’instant. J’ai peut-être besoin de temps. De veiller un peu. Laisser les minutes s’écouler et mes paupières s’alourdir, laisser mes pensées et mes rêves s’endormir. Je n’ai pas prié depuis longtemps — peut-être que cette fois on m’écoutera ? Sans certitude, je ferme les yeux et compte jusqu’à l’au-delà.

La pluie cogne contre ma fenêtre et au cinquième étage, j’entends toujours le vent qui siffle. On dirait qu’il fait exprès de rythmer mes nuits, de me bercer, d’être au creux de mon oreille. Il transporte peut-être des messages de personnes qui ne savent pas s’exprimer avec des mots. En tout cas, moi, j’entends tout et ça me hante quand je vais me coucher.


Je me cache du soleil

Sors quand il se couche 

Les miroirs ont peur de moi

Ils meurent tous quand je les touche

C’est peut être moi le vampire

Avec du sang dans la bouche

Croix de bois, croix de fer

J’ai menti, à moi l’enfer


la sensation

Je comprends maintenant pourquoi j’ai sursauté lorsqu’il m’a touché, pourquoi mon bas ventre tremblait à son contact, ses mains semblaient froides mais moi, je ne rêvais que de chaleur. Je sais avec le recul pourquoi j’avais peur, pourquoi je sacralisais, pourquoi j’avais le souffle coupé et pourquoi j’ai fini par trouver le courage de dire non.

Ça m’a rappelé quelque chose que je pensais avoir enfoui.

C’est la première fois que j’écris ces mots mais quelque chose me dit que ce n’est pas la dernière.

Peut-être qu’aujourd’hui tu peux choisir de raconter ce que tu veux pas forcément les détails pas forcément tout d’un coup seulement ce que tu es prêt à dire prend ton temps respire pèse tes mots tu peux le faire mais le faire à ton rythme à ta façon tu es le seul à savoir ce qui t’es arrivé et le seul à pouvoir le dire comme tu veux le dire.

Bientôt.